Organisé par ANDESI, CNAPE et REPAIRS, un colloque s’est tenu le 16 et 17 octobre 2023 à Lyon, à l’espace de la tête d’or.
Thème abordé :
Jeunes, Professionnels, Institutions : Construire ensemble les tremplins de l’inclusion
PROBLÉMATIQUE
La période de transition vers une vie adulte autonome ne cesse de s’allonger pour les jeunes en population générale. Les étapes clés qui jalonnent ce passage ne s’enchaînent plus aussi rapidement ni aussi linéairement qu’avant, sous l’effet conjugué de l’allongement des études, de la précarité de l’entrée dans l’emploi et de la difficulté d’accès au marché locatif. Ainsi, l’âge moyen de décohabitation se situe ainsi autour de 23,6 ans.
Dans le même temps, les jeunes confié-es à l’ASE doivent accéder à une vie autonome entre 18 et 21 ans, alors même qu’ils et elles disposent de moins de ressources que les autres. Tout en étant affecté-es par les inégalités liées à leur position dans l’ordre générationnel (ils et elles sont jeunes) et dans l’ordre social (ils et elles sont issues des catégories les plus populaires de notre société), les jeunes confié-es à l’ASE sont également exposé-es aux inégalités propres à la singularité de la situation de placement.
Comme toutes les périodes de transition, la sortie du dispositif de protection de l’enfance est une phase de renforcement des fragilités antérieures et de fragilisation des constructions acquises grâce au placement. En somme, les capitaux accumulés tout au long du placement peuvent fondre de manière brutale, sous l’effet d’une sortie de parcours mal négociée. Pour ces jeunes dont le parcours de vie a souvent été marqué par les incertitudes, les ruptures et les vides de sens, incarner cette vie d’adulte dans laquelle on les projette par principe, sans réelle prise en compte de leur cheminement, de leurs besoins et de leurs aspirations, peut s’avérer inconfortable, complexe, voire impossible. Si la proportion de personnes ayant eu un parcours de placement est surreprésentée chez les jeunes SDF puis diminue progressivement avec l’âge, tout en restant très élevée, c’est bien que la sortie des dispositifs représente une période à grand risque de vulnérabilité. Et cela d’autant plus que les politiques de jeunesse en France reposent en grande partie sur la solidarité familiale.
Ainsi, à l’intersection d’inégalités multiples, les jeunes confié-es à l’ASE n’ont pas toujours toutes les cartes en main pour trouver les voies de leur épanouissement personnel. En sortie de placement, ils cherchent à se construire une vie digne, à la hauteur de leurs aspirations et de leurs talents, tout en ayant moins de ressources qu’une grande partie des jeunes de la population générale pour y parvenir.
Pour autant, des initiatives et des expérimentations existent, qui relèvent tant des établissements et services associatifs que des institutions de l’ASE. Des réponses en termes d’inclusion, au sens des politiques sociales contemporaines, émergent. Des départements développent des politiques en direction des jeunes majeurs et de plus en plus de structures associatives innovent en s’ouvrant à des partenariats inédits.
Cependant, force est de constater que ces pratiques restent encore insuffisamment développées.
Comment permettre aux professionnels, aux cadres et aux dirigeants d’identifier les enjeux liés à l’inclusion sociale dans toute ses dimensions ? Comment penser les suites de parcours dans une logique d’intervention prenant en compte la préparation des jeunes bien avant la date prévue ou prévisible de leur départ ? Comment les professionnels et les institutions peuvent-ils s’appuyer sur les initiatives existantes, locales, privées, voire issues d’autres secteurs, pour accompagner cette sortie de placement ?
Comment s’approprier ces initiatives qui ont toutes le mérite de concourir à renforcer le pouvoir d’agir des jeunes confié-es à l’ASE et ainsi leur redonner des marges de manœuvre dans leur vie d’adulte ? Comment répondre, par des pratiques professionnelles refondées, aux besoins spécifiques des jeunes adultes, par le renforcement de l’étayage relationnel, l’effectivité dans l’accès au droit, la sécurisation matérielle et résidentielle, le développement de la confiance et de l’estime de soi, etc. ?
Les idées foisonnent et les pas concrets faits par les jeunes concernés, avec ou sans les professionnels et les institutions, sont innombrables. Encore faut-il les encourager, les accompagner, les valoriser et les faire connaître, pour mieux s’en inspirer, et créer, à partir de là et de manière systématique, un maillage solide et sécurisant pour chaque jeune sortant de l’ASE.
Telle est l’ambition de ce colloque coorganisé par un groupe de professionnels et l’association Repairs Paris, à l’invitation de l’Andesi.
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