« Porter un regard sur l’histoire qui nous fonde c’est nous permettre de mieux comprendre ce que nous sommes et ce que nous sommes appelés à être… »
Histoire fédérale
La fédération des Rayons de soleil de l’enfance a été créée le 8 mars 1937. Elle est reconnue d’utilité publique par décret du 9 avril 1975.
Au commencement...
Henri Rollet, dit ‘’ le bon juge ‘’ (1860-1934)
Convaincu de la nécessité de la prévention plutôt que de la répression, il consacre sa vie à la cause de l’enfance délinquante et déshéritée. De 1885 à 1930, on peut dire qu’il a participé à la plupart des actes législatifs et sociaux élaborés et accomplis en faveur de l’enfance dans le monde.
On lui doit la loi du 24 juillet 1889 qui permet de séparer l’enfant de ses parents s’ils sont reconnus indignes.
Il travaille à la loi du 19 avril 1898 sur la protection de l’enfance en danger qui permet aux magistrats de confier à une personne, une Institution ou à l’assistance publique tout enfant en difficulté.
Dès 1906, il participe à la mise en place de Délégués à la liberté surveillée. Il est l’un des inspirateurs de la loi de 1912 qui crée en France les Tribunaux pour enfants.
Il fonde en 1921 l’Association internationale de la protection de l’enfance.
En 1923 il impulse la fondation de l’Association de Service social de l’enfance en danger moral qui conduit à l’ouverture du Service sociale d’enquête auprès des tribunaux et à la formation d’assistantes sociales attachées au Tribunal pour enfants.
Alors qu’il arrive à la fin de sa vie, le juge Rollet confie son dernier vœux à Madame Remande, sa secrétaire : ‘’Ceux qui essayent de sauver l’enfant après font une besogne estimable ; ce sont ceux qui essayeront de sauver l’enfant avant qui feront une œuvre utile ‘’.
Renée Remande (1902-1994), la fondatrice
D’abord collaboratrice d’Alexis Danan (journaliste, 1890-1979) dans sa lutte contre les bagnes d’enfants, elle est par la suite profondément fidèle à l’inspiration d’Henri Rollet.
Guidée par l’œuvre du docteur Barnardo, médecin londonien (1845-1905) qui avait créé des villages pour enfants regroupant de petits cottages, elle fonde avec Madame Mory à Guebwiller (68) en 1933, le premier Rayon de soleil. La devise en est « Ils ont droit à la vie et la joie ». Henri Rollet, qui voit son rêve se réaliser, en est le premier président.
Ces créations doivent répondre aux exigences de la Déclaration des droits de l’enfant, dite Déclaration de Genève, ou Charte de l’Union internationale de la protection de l’enfance, annonçant : « Les hommes et les femmes de toutes nations reconnaissent que l’humanité doit donner à l’enfant ce qu’elle a de meilleur en dehors de toute considération de race, de nationalité, de croyance ».
Grande fédératrice et d’un caractère entier, elle fonde la Fédération des Rayons de soleil de l’enfance en 1937. Elle fédère aussi un certain nombre d’associations avec une règle de non-interventionnisme.
Elle est persuadée que la meilleure façon de venir en aide aux enfants est une substitution familiale totale. Elle se fait appeler « maman » et se conduit comme telle. Dans ces foyers, il n’y a pas de directeur ni d’éducateurs mais simplement des parents Rayon de soleil.
Sa fidélité inouïe et aveugle à son projet ne lui permet pas de comprendre l’évolution de la société et de la politique familiale ni de relever certaines failles de son système.
De fait, elle supporte mal les successeurs des fondateurs avec leurs nouvelles méthodes trop éloignées de ses motivations originelles.
Les premiers Rayons de soleil
Le Rayon de soleil de Guebwiller
C’est à la veille de Noël 1932 que Mmes Remande et Mory découvrent une maison adaptée à leur projet qu’une éclaircie illumine ce qui leur inspirera son nom le Rayon de soleil. Le foyer ouvre en 1933 sous la direction de Mme Mory.
Les enfants accueillis viennent majoritairement de la région parisienne mais il y a déjà des enfants juifs chassés d’Allemagne par la montée du nazisme.
En 1934, elles sont rejointes par M. et Mme Fort à qui elles confient un groupe de six jeunes israélites. Ils ouvrent quelques mois plus tard leur propre foyer à Soultz.
Mme Fortin, présidente de l’association cannoise des Amis d’Henri Rollet, conduit un jeune Grassois à Soultz. Constatant l’exiguïté des locaux, elle s’engage à créer un Rayon de soleil à Cannes.
Le Rayon de soleil de Cannes
L’association parait au journal officiel du 26 juin 1935.
La villa Marie-Joséphine ouvre le 1er octobre suivant, les enfants y sont élevés, en famille, par M et Mme Fort. Rapidement, la maison est saturée et ils déménagent en 1942 dans une maison qui leur est prêtée, la villa Clémentine. Ils y accueillent 35 enfants dont une pouponnière de 15 places. Mais les propriétaires souhaitent récupérer leur propriété.
En 1945, Mme Wemyss met à leur disposition une grande propriété dont elle vient d’hériter. M et Mme Fort ont géré cette maison pendant 31 ans.
Pendant la guerre
Le Comité parisien du Rayon de soleil de Cannes
Mobilisé, Alban Fort est fait prisonnier de mai 40 à août 41. Il expose à ses codétenus ses convictions et son expérience de sauvetage de l’enfance malheureuse aux Rayons de soleil.
A sa libération, ses camarades de captivité de l’OFLAG se cotisent et lui remettent une somme importante pour venir en aide aux enfants recueillis aux Rayons de Soleil. Ils continueront à donner chacun un mark par mois ce qui engendrera la naissance, en 1945 à Paris, du Comité parisien du Rayon de soleil de Cannes.
Les enfants juifs
Il aurait été trop dangereux de laisser des enfants juifs à Guebwiller. Renée REMANDE les transfère en zone libre, répartis en petites unités indépendantes dans les petits villages de l’arrière-pays cannois de Gréolières ou Coursegoule.
Des enfants juifs étaient aussi hébergés avec Mr et Mme FORT en permanence à Cannes où ils vivaient librement sous des identités d’emprunt.
Ces enfants bénéficient de l’aide et du soutien aussi bien de réseaux de résistants que de réseaux confessionnels protestants et catholiques qui œuvrent dans le même sens.
Les adoptions
Après la guerre, le Rayon de soleil de Cannes est largement connu en France et au-delà. Il est impossible de répondre à toutes les demandes d’aide et d’accueillir autant d’enfants. Des demandes d’adoption arrivent. Mme Fort place des enfants en adoption mais crée aussi de vraies relations avec les parents adoptifs.
La dernière adoption a été réalisée en août 1989 et l’agrément est caduc depuis 1992.
Mme la docteure Lemire agissant en Inde, au Liban, en Corée… crée, au long de son parcours, des lieux d’accueil, dispensaires, écoles… Avec l’assistance administrative du Rayon de soleil de Cannes, les cas insolubles localement sont orientés vers une famille adoptive.
En 1970, elle crée ainsi, à Paris, l’Association du Rayon de soleil de l’enfant étranger.
Les Amis des Rayons de Soleil et de l'Enfance
Les objectifs du Comité Parisien du Rayon de Soleil de Cannes créé en 1945 sont d’assurer la survie des Rayons de soleil, de mobiliser les amis, d’organiser chaque année une vente de charité pour récolter des fonds.
Pour mieux réaliser ces objectifs, l’association, loi 1901, Les amis des Rayons de soleil et de l’enfance est constituée en 1982.
Elle rassemble au début essentiellement un groupe de parents adoptifs des Rayons de soleil de Cannes et de l’Enfant étranger, qui œuvrent ensemble pour réussir la rencontre annuelle à la Mairie de Saint Mandé.
Aujourd’hui l’association a étendu son aide aux enfants et aux jeunes confiés aux maisons d’enfants Rayons de Soleil de l’enfance.
L'évolution de la Fédération
- C’est après la guerre, en 1951, que la Fédération des Rayons de soleil de l’enfance s’est renforcée.À cette époque, la fédération comptait six associations Rayons de soleil : celle de Madame Remande à Pomeyrol (13), celles de Cannes et de Guebwiller, celles de Mlle Jeannot à l’Arbresle (69) et de Mme Merzeau à Aouste/Sye (26).À partir de cette époque, des réunions annuelles et « bon enfant » étaient organisées dans les différentes maisons. Les expériences échangées autour des enfants étaient très constructives et tout cela se passait dans une atmosphère de parfaite convivialité. La Fédération était en somme une « amicale ».
- En 1962 débutent les premiers travaux de reconnaissance d’utilité publique pour la Fédération qui aboutissent au décret de de 1975.
- En 1970, la fédération s’adapte. Elle se veut un vrai réseau, un outil de travail et de réflexion, un soutien sûr pour chaque association. Il n’y a cependant pas de volonté d’expansion : ceux qui veulent rejoindre les Rayons de Soleil sont les bienvenus mais ne sont pas prospectés.
- À partir de 1987, les présidents comme les directeurs se retrouvent en collèges fédéraux distincts qui leur permettent de partager la spécificité de leurs responsabilités, leurs pratiques, soucis et joies mais aussi de se connaître et de constituer un réseau d’échange de services et de savoirs…
Les présidents quittent le rôle de « faire valoir » des fondateurs, pour assumer de plus en plus pleinement, leur place d’administrateurs porteurs du projet associatif, employeurs et interfaces des directeurs.
Ces deux collèges, comme ceux des fondateurs et des Anciens et amis, se trouvent représentés au sein du Conseil d’administration de la fédération. - En 1995, des « Engagements fédératifs » auxquels on se réfère sont élaborés et votés, sans que soient remises en cause les particularités et spécificités de chaque association. Ils seront renouvelés en 2005.
Le projet fédéral est un repère et un outil de cohérence entre les membres d’une même fédération. Malgré les difficultés, la fédération veut cultiver confiance et sens du partage, parole partagée et écoute : « Que faisons-nous ensemble ? » ; « Quelle transparence entre nous ? » ; « Entre droit à l’autonomie et devoir d’ingérence, quelles limites ? » ; « Entre enfermement sectaire et tolérance laxiste, quelles limites ? » ; Pour une Fédération qui permette à chacun d’être mieux lui-même et nous permette à tous d’être mieux ensemble. - En 1999, la coordination, les aides et soutiens sont facilités par la création d’un poste de délégué national puis en 2002 par celui d’assistante coordinatrice. Cela permet d’alimenter la vie fédérale et d’organiser journées d’étude, formations, soutiens techniques…
Un site Internet est créé après un blog fédéral.
Les Maisons d’enfants Rayons de Soleil
Avant la guerre, plusieurs Maisons d’enfants Rayons de soleil avaient été créées mais seules celles de Guebwiller et Cannes ont « résisté ».
Après la guerre, plusieurs Rayons de Soleil ont vu le jour :
- Le Rayon de soleil de Cannes Saint Léon (06) en 1952, (Fondateurs : M & Mme Fort).
- Le Rayon de Soleil de Pomeyrol en 1946 dont la fondatrice, Mme Remande, fut l’inspiratrice des Rayons de soleil du Lyonnais, de Bourdeaux, du Chambon sur Lignon puis de Coudoux dont le fondateur facilita lui-même la création de La Source.
- Le Rayon de soleil de Vaugneray (69) en 1948, (fondatrice : Melle Jeannot).
- Le Rayon de soleil d’Albigny/Saône (69) en 1955, (fondateur : Mr Resch), qui fusionnera en 1997 avec celui de Vaugneray pour créer le Rayon de soleil de l’enfance du Lyonnais.
- Le Rayon de soleil de Bourdeaux (26) en 1953, (fondatrice : Mme Merzeau), qui fusionnera avec le Rayon de soleil de l’enfance du Lyonnais le 1er janvier 2019.
- Le Rayon de soleil de Coudoux (13) en 1960, (fondateurs : Mr & Mme Philiponeau).
- Le Rayon de soleil du Chambon/Lignon (43) en 1960, (fondatrice : Mme Vanderf).
- Le Rayon de soleil de Cabrespine (11) en 1969, (fondatrice : Mme Remande),rebaptisé Le Rayon de soleil de la Clamoux en 2023.
- Le Rayon de soleil de Seyne les Alpes (04) en 1974, (fondatrice : Melle Philiponeau).
Puis :
- Le Rayon de soleil de l’enfant étranger en 1978, œuvre d’adoption et de parrainages (fondatrice : Mme Lemire).
- Les Amis des Rayons de soleil et de l’enfance à Ozoir-la-Ferrière (77) en 1982.
- En 1999, le Rayon de Soleil du Lyonnais transforme son annexe de Saint-Priest, propriété de la fédération, en établissement autonome baptisé Jules Verne.
Et progressivement d’autres « Maisons » et associations se sont fédérées :
- Les Matins bleus à Saint-Rémy de Provence (13) en 2001 (a quitté la fédération en 2004).
- La Renouée /Tamayas à Pradelles (43) en 2002.
- La Fondation la Providence à Orange (84), en 2006.
- Enfance du Monde-Rayon de soleil (œuvre de parrainages) à Saint-Germain en Laye (78) en 2010.
- La Maison du Montillon à Sainte-Sigolène (43), en 2017.
Et d’autres, au fil du temps, ont quitté la fédération :
- le Rayon de Soleil de Cannes, en 2004.
- le Rayon de Soleil de l’Enfant Étranger, en 2009.
- Le Rayon de soleil de Pomeyrol, en 2022 après plusieurs départs et réintégrations à la fédération.
Ceux qui restent unis à la fédération partagent les mêmes valeurs fondatrices :
L’accueil « à dimension humaine » sans se substituer aux parents, en aidant à grandir dignement, dans la solidarité…
Découvrez les statuts de la Fédération des Rayons de soleil de l’enfance.