Le principe de non-séparation des fratries, inscrit dans la loi du 7 février 2022, supposerait sans doute « des moyens supplémentaires » et le gouvernement lance une campagne pour mettre fin au silence autour des violences sexuelles sur les enfants. Olivia Galli, psychothérapeute et directrice de l’établissement Cithéa à Auxerre, association de protection de l’enfance, était l’invitée de France Bleu Auxerre, ce vendredi 15 09 2023.
Une campagne télévisée, au cinéma ou encore sur les réseaux sociaux. Ces violences touchent 160 000 enfants chaque année et toutes les trois minutes, un enfant est victime d’inceste, de viol ou d’agression sexuelle. Pour en parler, Olivia Galli, psychothérapeute et directrice de l’établissement Cithéa à Auxerre, association de protection de l’enfance, était l’invitée de France Bleu Auxerre, ce vendredi 15 septembre.
France Bleu Auxerre : Un enfant victime toutes les trois minutes de violences sexuelles. C’est un chiffre terrible. Que pensez-vous de cette campagne lancée par le gouvernement ?
Réponse d’Olivia Gali : Ça va dans le bon sens. Elle est vraiment bienvenue et elle était très, très attendue depuis de longues années puisque ces chiffres ont fait date.
Que ce soient les médecins hospitaliers, les professionnels de la protection de l’enfance, les magistrats, nous sommes au courant depuis longtemps de l’étendue du fléau que subissent les enfants en France et partout.
Il était vraiment temps que le gouvernement, en prenant la mesure de cette catastrophe, puisse communiquer et avertir tout un chacun puisqu’en fait ça revient à peu près un enfant sur cinq.
Donc ça veut dire qu’autour de vous, dans chaque classe, pour chaque colo, il y a un enfant qui a été agressé, qui est agressé ou qui sera agressé.
Donc c’est une responsabilité vraiment sociétale, que chacun soit au courant et que chacun du coup puisse intervenir et est sollicité. Le 119 en l’occurrence.
Q : Ces violences, elles ont lieu où, essentiellement ?
R : Essentiellement à la maison. La plupart du temps, l’enfant est agressé à la maison par un membre de sa famille. 90 % des faits sont donc des agressions sexuelles ou des viols incestueux. Il n’empêche qu’il y a aussi des agressions sexuelles qui se font en dehors de la maison par des pairs, des personnes qui ont du pouvoir par rapport à l’enfant, donc à une capacité d’emprise.
Donc ça peut être le professeur de sport, l’instituteur, ça peut être le prêtre.
En tout cas, c’est souvent une personne qui en a conscience en qui la société a confiance, qui va commettre ces agressions sur des enfants.
Q : Comment expliquez-vous le silence qui accompagne encore trop souvent ces violences qui quand même parfois, sont sont visibles ?
R : Je crois que notre conscience d’humain, à du mal à comprendre, à imaginer qu’on puisse violer un enfant. Je pense que s’il y a des choses qui relèvent de cet ordre là, c’est presque plus facile d’imaginer que les personnes âgées peuvent être maltraitées dans les institutions que d’imaginer que les enfants le sont.
Puis il y a un deuxième facteur, c’est que les pédocriminels, on s’engage à faire quelque chose.
Ça fait des siècles que la paix de criminalité existe. Et donc il y a une espèce de transmission du silence. Alors, la plupart du temps, un enfant, quand il a été agressé sexuellement, va essayer d’en parler aux adultes une fois ou deux. Et si cette parole n’a pas été entendue, il ne parlera plus pendant des années. Et puis là, tous les troubles psychopathologiques vont naître.