Paula Pinto Gomes, publié dans www.la-croix.com, le 22 novembre 2023.
Le dispositif d’aide aux jeunes majeurs de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), annoncé par Élisabeth Borne, lundi 20 novembre, dans le cadre du plan de lutte contre les violences faites aux enfants, se veut plus égalitaire. Mais il ne prend pas en compte la situation des enfants placés plusieurs années.
La secrétaire d’État chargée de l’enfance Charlotte Caubel lors de la visite du centre d’Aide Social a l’Enfance de Lille. Dans le cadre de son nouveau « Pack jeunes majeurs », le gouvernement a remplacé le « pécule » que pouvaient recevoir les enfants placés à 18 ans par un « coup de pouce » de 1500 euros accordé automatiquement.
« Un coup de pouce financier » de 1 500 € sera versé automatiquement, à 18 ans, aux jeunes sortant de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). La mesure, annoncée lundi 20 novembre par la première ministre, dans le cadre du plan de lutte contre les violences faites aux enfants, semblait aller dans le bon sens. Ce dispositif doit, en effet, remplacer le « pécule », constitué des allocations scolaires de rentrée auxquelles les jeunes ont droit à leur majorité mais qui, dans les faits, n’est pas réclamé par la plupart d’entre eux, faute d’information.
« Depuis la mise en place du dispositif, le taux de paiement est de 42,3 % pour un montant moyen de 885 € », expliquait à La Croix cet été une responsable de la Caisse des dépôts, où ces sommes sont déposées et conservées pendant trente ans. « Au 31 décembre 2022, l’encours total des allocations de rentrée scolaire était de 145 millions d’euros et, à cette date, 21,5 millions d’euros n’avaient pas fait l’objet d’une demande de restitution de la part des jeunes ayant atteint leur majorité. »
Un enfant placé dix ans aurait eu droit à une somme plus importante
Avec cette nouvelle mesure, incluse dans le « Pack jeunes majeurs », les enfants confiés à l’Aide sociale à l’enfance n’auront plus de démarche à faire et seront globalement mieux lotis : le versement des 1 500 € sera automatique et la somme un peu plus élevée que le montant moyen actuel. Mais, aussi surprenant que cela puisse paraître, le gouvernement n’a pas pris en compte la situation des enfants placés plusieurs années à l’ASE.
Ainsi, rappelle Laurence Rossignol, ancienne ministre de la famille à l’origine du « pécule », « un enfant accueilli pendant dix ans a droit à (environ) 4 500 € à sa majorité dans le système actuel. Perte sèche pour lui : au moins 3 000 € ! Inacceptable », écrit-elle sur X. « La suppression du pécule des enfants placés est une décision cruelle. Charlotte Caubel doit revoir sa copie », renchérit, sur le même réseau social, Lyes Louffok, militant des droits de l’enfant.
Au cabinet de la secrétaire d’État à l’enfance, on rappelle que « le dispositif actuel est injuste et inefficace. Certains jeunes majeurs peuvent bénéficier de sommes supérieures à 1 500 € mais la majorité en est exclue. Nous devions agir pour que chaque jeune puisse vraiment être aidé dans son accès à l’autonomie. Ce coup de pouce est plus égalitaire, plus simple et plus accessible ».
Le ministère indique toutefois qu’il est « transitoire » et pourrait être ajusté « d’ici à 2026 ». « Nous avons entendu les critiques, assure l’entourage de Charlotte Caubel. Nous allons étudier les possibilités pour qu’il n’y ait pas de perdants. »
Paula Pinto Gomes, publié dans www.la-croix.com, le 22 novembre 2023.